Le bleu s’écrit sans bruit

Je n'ai pas mis le pied dehors depuis un certain temps, à en croire les tirages bleu nuit qui s’accumulent sur la table, tours de papier à l’équilibre précaire qu’un simple coup de vent pourrait faire danser, virevolter ou disparaître.

J’ai mis de côté le tumulte du monde pour la douceur du cyanotype, troqué les vertiges des jours pressés pour une promenade tranquille et solitaire dans les chimies et les papiers. La nature se fraye un chemin jusqu’à mes images : un papillon de nuit se pose sur ma fenêtre puis sur le papier, la lumière trouble la surface de l'eau, un arbre me salue en passant — ou aurais-je rêvé ? Le jour, le soleil fait valser sur les murs ombres et chimères, souvenirs invoqués ou inventés. La nuit, mes sens en éveil consument le sommeil.

Le bleu s’écrit sans bruit déploie un monde intérieur à travers paysages, autoportraits et fictions. Échos de rêves et de cauchemars, chaque tirage est une fenêtre ouverte sur l’inconscient, une invitation lancée au merveilleux. Posées sur le papier et révélées par la lumière du jour, les créatures, images et figures que je croise deviennent reminiscences, symboles et mirages. Ensemble, elles ouvrent la voie à la rêverie, à l'introspection et à la rencontre de nos parts d'ombre et de lumière.

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